BAL INSURRECTIONNEL A LA SORBONNE

 

 

  

   Le 29 avril 2004, à 20h30, la Cour d'honneur de la Sorbonne a été envahie par plus de 150 personnes, sans autorisation. Deux heures de joie et d'émotions intenses. Incompréhension des vigiles. Bonheur des participants. Lieu quitté sans problème après avoir été préalablement redécoré. Tract un peu modifié.

 

   Comme une toile dans son cadre les actions humaines doivent aujourd'hui plus que jamais passer par le filtre des lois. Aucun mouvement, aucun plaisir, aucune idée qui ne puisse s'exprimer sans ête préalablement codé. Confiné dans l'espace-temps légalement attribué. Comme la peinture, la musique a décidé de sortir des cadres.

   Pour jouer sans les règles, rendez-vous a été donné au bal insurrectionnel de la Sorbonne ce jeudi 29. Une trentaine de musiciens exprimeront leur joie de vivre et leur sympathie avec le monde sans demander d'autorisation, sans louer de salle, sans souscrire d'assurance, sans rémunération et sans aucune pression. Juste une manière de dire que tout lieu n'appartient qu'à ceux qui y vivent et non à ceux qui le possèdent, et que la musique est sans domicile fixe. Aussi jouera à la fa(r)ce du monde toute la beauté qu'il y a à chanter et festoyer dans un lieu de silence et d'étude d'habitude si morne.

    Percus, cuivres, cordes... toute une myriade d'instruments impovisera sur l'impossibilité qu'un tel lieu demeure fermé par une barricade de vigiles. L'université qui cesse d'être ouverte à qui souhaite y rentrer, expulse dès lors d'elle-même toutes les différences qui feraient d'elle un espace convival : foyer de rencontres, de discussions, d'échanges, de liberté : un lieu de vie. Pour la fin de l'université managériale et sécuritaire, partenaire de la résignation et de la tristesse contemporaine, nous, étudiants, précaires, serons là ce soir. Et demain.

Ce bal n'est organisé par personne